Pour débuter cet article, voici
une petite comparaison "visuelle" d'un (ou d'une) P4 et d'un
Mercedes G.
Eh oui... La base est bien du Mercedes
G, revue et modifiée par
Peugeot.
Les grandes
différences P4
/ Mercedes G :
- Premièrement
le moteur : Remplacé par un Peugeot essence
XN8 ( pour les premiers) puis Diesel XD3 pour les suivants. A noter que la plupart des P4
essences ont été remotorisés en diesel par les ateliers du matériel de
l'armée dans les années 90.
-
La boite est Peugeot, du même
modèle que les 604 ou 504.
-
Les dispositifs d'éclairages avant sont aussi spécifique au P4 :
phares carrés (proche des 104) et clignotants en dessous (Les
mercedes G ont les clignotants sur les
ailes).
-
La partie supérieure de la carrosserie est de type " bâché", ainsi
que les
portes (les bas de la portes sont rehaussés par rapport au G),
le pare-brise est rabatable et il est équipé d'un arceau de sécurité qui sert aussi de support d’arme ->
12,7 ou AA52 (l’AA52 peut aussi être montée sur un support latéral en avant
de la portière droite.
Il existe une version militaire du
Mercedes G en dotation dans les armées allemandes et danoises, appelée " WOLF".
Le P4, en service
dans l'armée, offre 6 places (2 sièges avant et 2
banquettes arrières repliables). Dans le civil, ceux ayant une date de première
mise en circulation inférieur ou égale à 1986 peuvent avoir
6 places assises, les suivants ne seront qu'en 2 places
Lors de l’immatriculation votre " VP4"
de 8cv fiscaux et 6 places
assises devient "CP4" avec 10cv, 2 ou 6 places suivant
l'année et devient une
"camionnette".
Avant de parler de la conduite du P4, il
faut
préciser que celui-ci n’a quasiment rien avoir avec une Jeep hormis son
utilisation et son classement de "VLTT" (Véhicule Léger Tout Terrain)
par l'armée. La Jeep est petite, légère,
agile, nerveuse et inconfortable. Le P4 et presque le contraire! Il est
gros, lourd, "mou" (moteur comme les Peugeot 504, J7, etc), mais
relativement confortable pour un
véhicule militaire et doté d’un bon chauffage.
Vous voilà devant
le véhicule!
La
porte, légère et mince peu choquer, mais le plus surprenant reste
la vitre que l'on ne peut descendre! Il s'agit d'un haut de porte
que l'on peut retirer ou mettre en position. Cela rappellera certainement
des souvenirs à ceux ayant connus les R2087 ou Simca Cargo
disposant de ce même principe de hauts de portes.
Les sièges sont bons et
réglable en longueur et en inclinaison mais, comme sur les jeep
et beaucoup d'autres véhicules, en été le Skaï est fortement
désagréable! En dessous de chaque siège avant se trouve un coffre de rangement pour une
partie de lot de bord, notamment le cric. Le reste de l’outillage (pelle, pioche
et hache réglementaires) sont disposés en dessous des bas de portes gauche et
droite. Il
y a 4 supports de Famas, un de chaque coté du tableau de bord, un sous l'arceau
de sécurité, et un en travers de la port arrière.
Le P4 offre de la place, les grands en
seront
satisfait (sauf pour les passagers sur les banquettes arrières).
Les commandes et équipements
coté chauffeur sont simples, et de type militaire. Les novices auront
besoin d'un temps d'adaptation (comme pour les autres véhicules
militaires) au niveau du commutateur rotatif d'éclairage.
Le tableau de
bord regroupe un compteur de vitesse à
droite et une jauge à carburant à gauche ainsi que divers voyants. En dessous du volant à gauche se trouve la
pompe manuelle lave glaces/interrupteur d’essuie glaces (qui selon son année
de passage en atelier peut avoir été modifiée par une pompe électrique),
ainsi que le comodo d’éclairage (modèle 7
positions -> éclairage "civil" coté droit, éclairage "combat"
coté gauche). A droite se trouve le contact qui n'est autre qu'un simple
interrupteur, le voyant de préchauffage, et la tirette préchauffage/démarrage. Premier
cran pour préchauffer, second cran pour démarrer (souvent
remplacé dans le civil par un contacteur de démarrage à clef). Sur le modèle essence on trouve à
la place le
starter et un poussoir de démarrage.
La console centrale regroupe
(dans l'ordre) un interrupteur pour le klaxon, clignotants G/D,
manomètre de température, cendrier, interrupteur warning, voyant
de présence d'eau dans le gazoil et voyant de blocage de différentiel,
manomètre de charge/décharge batterie, commandes de ventilation,
interrupteur ON/OFF ventilateur, et un horamètre. Cachée en dessous
se trouve une prise baladeuse 24v.
Une
poignée coupe batterie trouve sa place sous cette consôle en avant
des leviers de vitesses.
Coté
droit le passager dispose d'une poignée de maintient, avec au dessus
un compartiment pour les disjoncteurs (pas de fusibles sur le P4),
et en dessous une boite à gants sans porte qui à pour plaisir de
se vider sur les genoux du passager dans les fortes montées.
Le P4 est bâché!
Inconvénient,
suivant la tension et la vieillesse de la bache, celle-ci peut créer
un bruit de claquement contre les arceaux par grands vents. Une
modification à la aussi été apportée par l'armée en ajoutant des sangles de
maintient au niveau des arceaux latéraux.
Avantage
en été, il est débâchable rapidement et facilement (une fois n'est
pas coutume!). Pour cela il suffit de défaire les boucles et les
velcros sur les cotés, de déverrouiller les loquets en haut du par-brise,
et de rabattre le tout sur l'arrière en se tenant debout dans la
caisse. Une sangle (rarement présente) est prévue pour tenir le
tout replié. Le par-brise, après avoir été déverrouiller et rabattu
les essuis-glaces, se rabat
sur les butoirs présents sur le capot. Des attaches à ne pas oublier
sont présentes pour le maintenir dans cette position. Les hauts
de portes se rangent dans la housse de par-brise (rarement présente
elle aussi). Les bas de portes sont eux aussi démontables en les
dégonssants. Et enfin l'arceaux de sécurité sur lequel sont fixé
les ceintures de sécurité peut être déboulonné
et déposé.
Sur
l'arrière de la caisse se trouve une porte (une bonne idée quand
on sait combien de jeep ont été découpées sur l'arrière pour créer
une porte!) sur laquelle se trouve la roue de secour, elle même
supportant le support ECR (filet de camouflage), et une plaque d'immatriculation
avec son éclairage. A droite se trouve la goulotte de remplissage
de réservoir sans clé, à gauche le support jerrycan.
Les
feux arrières sont de type militaire comme on peut aujourd'hui trouver
sur presque tout les véhicules militaires en service, regroupant feux
de position, feux stop, clignotant, feux de combat (stop black-out
et position black-out). Au milieu des par-choques se trouve un crochet
d'attelage et une prise 12 broches.
On
démarre!
Dès les premiers
tours de roues, on sent le poids du P4 et si l'amortisseur de direction
n'est pas fatigué, on constate le manque d'une assistance! Cela
reste comme cela même lancé à vitesse maximum.
Il est prévu
pour 108 km/h maxi (118 km/h pour le modèle essence) mais il
est sage de rouler à 90 km/h maximum pour ne pas user l'Indénor. Le ronflement est
épuisant sur les longues portions droites, et dissuade de trop
pousser le véhicule. Le moteur est endurant mais peu puissant, il
faut anticiper les longues côtes afin de prendre de l'élan
et ne pas terminer à 50km/h! Il permet toutefois de s'insérer correctement
dans la circulation tant que l'on ne s'aventure pas sur autoroutes
(Les descentes en roues libres permettent des "reccords"...
Jusqu'à 115km/h!). On notera à ce point de l'essai le manque
d'une 5ème vitesse!
Le moteur qui
a déja fait ces preuves sur d'autres véhicules n'est pas si mauvais
que ça, et il durera si l’on ne le
fait pas hurler. Dès que l’on a prit l'habitude du P4, celui-ci devient plus agréable à
conduire (conduite sur le couple).
Attention aux
routes mouillées lors des freinages, les courbes ou
ronds-points, les pneus tout terrains ont une tenue de route aléatoire et il y a des risques d'aller tout droit roues braquées !
Sur terrain sec par-contre, pas de problème!
Pour
finir, on peut dire notre brave P4 est taillé pour la piste et
garrigues où il est très à l’aise. Sur piste en terre (ou enneigée),
la position "GV4" (Grande Vitesse 4 roues motrices) de la boite de transfert
est trés utile, et permet
de rouler sans trop réduire l’allure dans les virages puisque le P4 tient
remarquablement bien, et ne pas avoir à lever le pied avec ce moteur mou est
une bonne chose. Dans les
chemins plus accidentés, on apprécie la souplesse et l’on est pas secoué
comme dans les Jeep.
Enfin on attaque le franchissement !
Le poids, additionné
aux reprises môles du moteur hadicape beaucoup (contrairement à
la jeep qui est légère et nerveuse), mais tant que le terrain est sec on
se débrouille grâce à la petite vitesse " PV4", et parfois au blocage de
différentiel. Les débattements de ponts sont
corrects, il arrive de se retrouver sur 3 roues mais la stabilité est bonne et
le P4 ne bascule pas rapidement. Les
pentes abruptes ne sont pas un problème si on les attaques avec un minimum d’élan et
en "jouant" sur le couple.
Le gabarit est correcte,
mais la visibilité sur l'avant droit est moyenne.
Dans la boue le P4 montre rapidement ses limites
s'il est monté de pneus Uniroyal T9. Les Michelin XL d'origine ou autres pneus
civils tout terrain se débrouillent mieux. Dans certaines ornières
on regrettera l’absence de blocage de
différentiel au pont avant. Oubliez le rêve de traverser une marre de boue de
40cm de profondeur, hormis
tiré par un treuil ! Le P4 va gentiment perdre son élan et aller se poser en plein milieu pour vous
faire comprendre qu’il est trop lourd! Ca sert de leçon! Une fois planté,
les 2 emplacements de
manilles sur le haut du par-choque et l'axe central s'avèreront bien pratique!
Avant un passage profond
dans l’eau vérifiez que les
bouchons de fond de caisses sont bien en place (un de chaque coté du P4 aux
pied du conducteur et du passager), qui permettent aussi d’évacuer l’eau qui se
serait accumulée dans la caisse.
En conclusion,
le P4 permet de faire de belles balades sur chemins et petites routes,
en faisant un peu de franchissement le temps de quelques frayeurs...
C’est en tout cas un engin fiable,
docile, endurant,
et agréable si n'envisagez pas de prendre quotidiennement les voies rapides et autoroutes. Un véhicule
pour habitant en zone rurale et tranquille, qui veut ne pas avoir froid
l’hiver, et rouler cheveux aux vent l’été!
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